dimanche 29 janvier 2017

Le destin tragique de l'abbaye d'Hirsau.

Bon nombre des églises de la région ont une filiation plus ou moins proche avec cette abbaye qui eu une position fondamentale à la fin du XIe siècle date de sa construction des années 1082 à 1091 et pour les décennies qui suivirent.

La première chapelle dédiée à Saint-Nazaire fut réalisée au VIIIe siècle ainsi que le premier monastère par le Comte Erlafried de Claw, parent de l’évêque lombard de Vercelli qui lui confia les reliques de Saint Aurelius de Ridito, évêque arménien mort au Ve siècle. Les premiers moines venaient alors de Fulda. Devenu prospère les années suivantes le monastère fut cependant ravagé au Xe par les guerres les maladies et les conflits entre religieux et laïques .

Il faudra donc attendre la fin du XIe siècle pour voir renaître le monastère sous l'impulsion d'un moine énergique venu de Regensburg en Bavière; Guillaume de Hirsau, monastère fut alors placé sous le vocable des Saints Pierre et Paul.

Guillaume prit en main la refondation à la fois des bâtiments mais aussi de la règle des moines en plein cœur de la querelle dite des investitures qui opposait alors le Pape et l’Empereur tous deux soucieux d'assurer leur suprématie sur la puissance de l'église à l'occasion de la nomination des évêques. Cette période est riches d'enseignements sur l'histoire de l’Église d'occident et est l'une des première manifestation d'ampleur d'un affrontement entre le pouvoir laïc et le pouvoir religieux et curieusement naît en terre d'Empire comme le sera plus tard le mouvement de la Reforme. La querelle se terminera momentanément par la victoire du pape sur l'empereur et le concordat de Worms en 1122 après la pénitence de l'Empereur Henri IV à Canossa.

L'abbaye de Cluny prit une part décisive dans cette querelle par son soutient à la papauté et gagna grandement en puissance . Or c'est précisément à Cluny que Guillaume de Hirsau décida d'affilier son abbaye en pleine réforme.

L'oeuvre de Cluny par l'abbaye de Hirsau fut déterminante dans la région au point que bon nombre de fondations ou d'affiliations religieuse furent réalisé par Hirsau ce que l'on pourrait qualifier de "révolution bénédictine" selon une formule peut être aventureuse .

Ce vaste mouvement à la fois religieux et politique s'accompagna aussi d'un important renouveau de l'architecture pour laque Hirsau occupe une place d'importance dans le sud de l'Allemagne.

Il fut en effet décidé de la création d'une église d'un type nouveau dans la région soit d'une vaste basilique à piliers couverte d'une charpente avec une tour sur chacune des travées est des bas-cotés. Le chœur à trois nef possédait un chevet plat et chapelles centrale et latérales. Le transept saillant possédaient une abside et une tour à la croisée selon le modèle inspiré par Cluny II. Enfin il fut décidé la réalisation d'un massif occidental, bien éloigne toutefois du modèle ottonien devant une vaste cour d'entrée. Ce modèle sera reproduit dans nombres d’églises  filles d'Hirsau comme Altenstadt ou Klosterreichenbach .

Pourtant l'abbaye sera entièrement dévastée en 1692 par les armées françaises de Louis XIV qui n'en laissèrent que des ruines; destin funeste et précurseur de celui de Cluny un siècle plus tard.La photo de la maquette jointe permet d'imaginer l'abbaye dans toute sa puissance avant sa destruction.


Hormis les quelques ruines encore visibles de la vaste nef qui impressionne par ses vaste dimensions et d'un cloître où les restes romans sont difficilement visibles, il reste essentiellement une haute tour romane du massif occidental.



Cette tour visible de loin avec ses trois étages laisse imaginer la richesse de la sculpture et de l'architecture de l'église disparue. Les trois étages inférieurs sont décorés d'arcatures aveugles avec une réelle imagination stylistique. Aux trois étages supérieurs  des baies jumelles d'exactes dimensions.
Au dessus des deux premiers niveaux et de chaque coté courre une étonnante frise de personnages barbus comme des sortes d'atlantes entourés d'une frises d'animaux essentiellement des lions et de cerfs. L’interprétation de ces symboles est toujours délicate mais ce bestiaire connaitre un riche développement dans toute la Souabe comme nous le découvrirons encore plus loin.








2 commentaires:

  1. On comprend le rayonnement de cette abbaye! Encore une ombre sur la morgue du visage du roi"très chrétien" . Le campanile permet d'imaginer ce que l'on a perdu en architecture inventive.Merci!

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