jeudi 15 décembre 2016

Les mystères du bénitier de Freudenstadt.

La petite ville de Freudenstadt, possède deux trésors remarquables de l'art roman dans son église . Je consacrerai un article particulier au lutrin qui est une oeuvre majeure de la sculpture sur bois.
Mais le bénitier est lui bien moins connu est surtout très peu décrit ce qui est étonnant pour un si bel ensemble sculpté.

Tout au plus une petite pancarte annonce qu'il daterait du XIe siècle, affirmation qui n'est pas étayée et qui reste donc à vérifier.

Pourtant ce bénitier mériterait une étude approfondie tant sa sculpture y est vive et tant son état est parfait de conservation.

Le bénitier présente une large vasque de grès soutenue par un fut circulaire en forme de simple colonne, aux angles duquel ont été sculptés des lions stylisés ou de panthères et un curieux acrobate dont on remarque surtout le visage aux longs cheveux lissés.


La vasque présente en partie basse et supérieure un cordon qui en fait le tour, cordon d'entrelacs en forme de vagues autour du bassin et qui symbolise à la fois l'infini et le renouveau propre au baptême.

La vasque du bénitier est sans aucun doute la plus intéressante; plusieurs animaux fantastiques ou légendaires s'y affrontent; des félins , un cerf et des basilics ou des dragons. Opposées de chaque coté deux têtes humaines aux longues tresses aux traits presque barbares semblent  saisir de la queue ou du coup de certaines des créatures.


Faut il y reconnaître un symbole fréquent dans l'art roman qui n'est pas seulement celui de la lutte du bien contre le mal mais celui de la conversion par le baptême et de l'abandon des anciennes religions païennes; c'est ma position légèrement nuancée par rapport à celle de Ulrike Kalbaum dans son ouvrage " Romanische Türstürze und Tympana in Südwestdeutscland..." qui y voit davantage le triomphe de la vie sur la mort par l'eau .



Reste la datation et la provenance de ce bénitier mais aussi de sa filiation stylistique qui reste plus délicate. Il semble impossible de rattacher cette oeuvre à Alpirsbach si la datation est bien celle du XIe ; peut être s"agit il d'une oeuvre provenant d'Hirsau  ou de l'ancien monastère de Kneibis dont les ruines sont proches, le mystère est entier de même que l'inspiration cependant le choix du thème, le goût pour une inspiration presque païenne ou nordique comme par exemple la présence d'un nombreux bestiaire ou de têtes humaines; n'est pas sans rappeler le tympan de Rheinau que je présenterai plus loin. Comme chaque fois je reste ouvert à le découverte .



2 commentaires:

  1. Je me demande si la figure d'homme barbu ne serait pas une représentation d'un fleuve personnifié, comme ceux que l'on voit sur les fonts d'Hildeseheim. Cf. la comparaison également avec les mosaïques de DIE dans la Drôme, où le fleuve est associé (comme la "mer céleste" à St-Chef-en-Dauphiné) à divers animaux fantastiques. La théologie du baptême (avec la formule : "Je te bénis par ce Dieu qui te fit couler de la source du paradis et, te divisant en quatre fleuves; te commanda d'arroser toute la terre" est propice à la représentation des Fleuves.

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    1. C'est une hypothèse intéressante bien sur, même si elle ne me convainc pas tout a fait d'abord parce-qu'il y a deux tête humaines de chaque coté du bénitier; et ensuite car je ne vois pas l'image du Christ et en outre la présence des animaux fantastiques est troublante, mais je retiens votre hypothèse . Il y un livre en allemand qui aborde ce bénitier il faut que je m'en procure un exemplaire.

      Un grand merci en tout cas !

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