mercredi 30 septembre 2015

Tant de choses à voir ...

Voila un deuxième billet d'humeur que je partage dans ce journal pour expliquer mon rapport à l'image et à la photographie en particulier d’œuvres romanes .
Je crois que ce rapport étrange et indissociable pour moi entre l'art et la photographie remonte à mon enfance; lorsque mon père me mit entre les mains mon premier appareil photo (j'en ai eu beaucoup depuis). Très tôt aussi me parents me donnèrent le gout du voyage et de la découverte des trésors de notre pays mais aussi la curiosité des autres destinations.
Mais je crois me souvenir encore du moment précis où l'art roman prit une place si particulière dans mes passions artistiques, car au risque de surprendre ce n'est pas la seule. Ce fut le jour où je lus chez une amie de ma mère à laquelle je peux ici rendre hommage, un livre qui bouleversa ma perspective sur l'art . Ce livre en deux tomes publié aux éditions du "Zodiaque"; "Floraison" et "Évocation" de l'art roman.
Je découvris alors que cet art que l'on présente encore comme austère et rude est en réalité d'une richesse et d'une diversité inouïe ! Le foisonnement des formes et des inspirations semblent infinies comme les variations et les mutations d'un art en mouvement . Tantôt c'est exubérance des sculptures qui l'emporte, tantôt la sobriété des lignes mais aussi la recherche des lieux et toujours l'émotion d'un art si lointain et pourtant si proche  .  Bien plus cette expression artistique me sembla propre à une inventivité, une âme, un sentiment propre à notre culture européenne mais ce sans exclusive . Car cet art est aussi un art de synthèse, il fonde solides racines dans notre imaginaire mais il fourmille de ramifications et d'influences aussi variées que les arts antiques, byzantins, arméniens, celtiques, nordiques, et arabes... C'est peut être aussi la raison de son incroyable développement dans toute l'Europe actuelle et au delà.
J'avoue aussi une certaine boulimie, il fut un temps où je voulais tout voir, accumuler les images de la plus humble chapelle à la plus fastueuse abbaye, comme toute passion elle ne semble jamais assouvie mais peut être incomplète .
Cette soif là n'est pas teinte mais peut être assagie car rien ne vaut la longue patiente et répétée contemplations de ces œuvres du passé pourtant si modernes qu'elle nous touchent encore avec force à notre époque où l'art est devenu un véritable enjeu politique ce que chaque drame du Moyen Orient nous rappelle avec force .
Aujourd'hui j'ai voulu donc partager cette photo du tympan  du Maître de Cabestany une sculpture d'une puissance saisissante qui ne peut laisser indifférent et que l'on peut admirer longuement en toute intimité .

vendredi 18 septembre 2015

Impressions de voyages; entre coups de cœurs et quelques " coups de gueule " !

L'été est la saison privilégiée des voyages, par habitude sans doute car elle n'est pas toujours la plus belle. Les lumières sont souvent très tranchées et peu propices aux belles photographies, parfois ce sont des orages violents qui assombrissent subitement le ciel . Mais l'été est la saison du tourisme (parfois un peut trop massif, que de monde à Moissac !) et donc celui de l'ouverture de nombreux sites .
Depuis plus de vingt ans que je courre la France et l'Europe je crois avoir visité plus de mille cinq cent églises romanes ou partiellement romanes et visité  certaines plusieurs fois sans jamais me lasser.
Ces visites sont aussi  l'occasion de quelques frustrations, que ce soit une pluie dense rendant difficile voir impossible la photographie, ou encore une visite impossible par quelque cérémonie imprévue ou un spectacle .
La frustration la plus intense est certainement de trouver porte close sans savoir ou chercher ou obtenir une clef ou se voir interdire de photographie pour on ne sait quelle raison obscure si ce n'est l'arbitraire d'un petit édile local ou d'un guide zélé et souvent incompétent comme cela arrive souvent en Italie ou les restrictions du droit de photographier sont totalement incompréhensibles.
En France aussi parfois comme à Jouarre où le maire local m'a opposé un refus catégorique et laconique il y a peu à une demande écrite sans explications...
Le plus frustrant c'est aussi de se retrouver devant une église très célèbre fermée les samedis, dimanches et lundis parce-que le personnel municipal est en weekend et ce en plein mois d’Août et je ferais une mention très spéciale à ce titre à la commune de Rieux-Minervois alors même qu'elle possède une église magnifique par son plan et ses sculptures. Curieuse vision de la défense du patrimoine !

Mais il ne faut pas s’arrêter à ces obstacles et savoir persévérer , ce qui sera peut être le cas ce weekend à l'occasion des journées du patrimoine; pour découvrir à Lyon et pour la première fois ouverte au public les magnifiques fresques de la chapelle de l'Ile Barbe dont je n'ai jamais vu une seule représentation en dépit d'effort répétés.

Mais ce que je retiens avant tout ce sont ces multiples rencontres magnifiques et des lieux enchanteurs.
Cet été aura été riche de ces découvertes humaines et artistiques. Comme à Lescure d'Albigeois ou un homme malicieux sous son chapeau de paille me fit découvrir la merveille de ses chapiteaux. Ou encore à Taurinya où une habitante nous ouvre l'église et nous propose une visite passionnée pour le lieu et les traditions de son pays. Je dois aussi une mention particulière à l'Allemagne où le gardien de la sublime abbaye de GrossKombourg, a ouvert pour moi seul la porte de l'église pour une visite sublime que je partagerais bientôt ou encore à Burgfeldenn, village perdu au milieu de la Foret Noire qui garde encore des fresques étonnantes.

Et que dire du choc de la découverte de Las Planques que l'on admire  dans un paysage sauvage après plus d'une heure de marche dominant les courbes du Viaur . Ou encore la sobre majesté de l'abbaye de Saint-Michel de Cuxa où l'on peut flâner longtemps en y croisant que quelques voyageurs éblouis. Et ces chapelles rudes comme sorties de la nuit des temps de Saint-Michel de Sournia ou de Saint-Martin des puits.
C'est cette émotion réelle certes personnelle mais si intense que je cherche à partager tout au long de ce blog qui est aussi le journal d'un passionné sans la prétention de l'érudition mais celle de la justesse si possible de la compréhension et du partage  .


mardi 15 septembre 2015

La double controverse de Mélas; un " faux" baptistère.

Il convient maintenant de s’intéresser à ce monument de Mélas qui est sans doute le plus étonnant et aussi le plus exceptionnel dans cette région.
Car en effet et en dépit de la controverse qui a longtemps agité les spécialiste cette chapelle octogonale est une construction tout a fait magnifique et originale qui a peu d'équivalent en France.
Dans le prolongement de mon précédent billet qui voulait faire de Mélas le siège d'un évêché temporaire, la présence de ce bâtiment octogonal assimilé à un  baptistère était de nature à renforcer la thèse d'un groupe épiscopal.
Pourtant c'est autour de ce monument que les recherches et les fouilles se sont concentrées pour découvrir qu'il ne possédait aucun système d'adduction ou d'évacuation d'eau , bien plus on réalisa que ce qui fut un temps présenté comme une cuve baptismale de forme ovale avait en fait été réalisée en ciment moderne!

Aujourd'hui et après la découverte de nombreux sarcophages il est admit que cette chapelle  d'un édifice funéraire du XIe siècle et qui s'apparente à d'autres monuments du premier art roman.
Comme au chevet de l'église la chapelle est a demi enterrée par les terres de l'ancien cimetière .
Extérieurement elle a une forme carré avec des angles légèrement arrondis avec au dessus un tambour octogonal percé de très petites fenêtres.


L'appareillage est irrégulier et petit  avec un mélange de pierres calcaires et de basalte encore fréquent dans les constructions de cette région . C'est donc un aspect de modestie et de rusticité qu'il offre aux premiers regards.

Pourtant à l’intérieur c'est un véritable enchantement!

Malgré l'étroitesse des lieux on est saisi par l'harmonie et la force qui enveloppe le visiteur.
L'octogone est légèrement irrégulier avec des grands cotés qui alternent avec quatre plus petits qui reçoivent les pans de la coupole et qui s'ouvrent sur de hautes niches semi circulaires voûtées en cul-de-four .


Entre chaque abside les angles de l'octogone, on découvre  de hautes colonnes engagées souvent avec usage de réemplois antiques, couronnées de chapiteaux d'aspect rudes sans tailloir gravés le plus souvent de simples stries imitant un feuillage .



La coupole nervurées est d'une grande beauté et offre une intense impression de légèreté et de force. Elle est un beau témoignage d'une grande maîtrise de l'architecte de cet édifice très précoce de la première moitié du XIe siècle.


Ce bel ouvrage n'est pas sans rappeler les coupoles d'influences plus orientale d'Oloron et de l' Hopital Saint-Blaise aux confins de Pyrénées ou encore la coupole de la chapelle supérieur du clocher de Moissac, mais aussi les édifices paléochrétiens ou lombards .




dimanche 13 septembre 2015

La double controverse de Mélas; une "pseudo" cathédrale .

Après une période de vacances fructueuse je reviens à ce journal pour terminer mon voyage en Ardèche autour d'une belle et curieuse église très ancienne mais source d'incroyables controverses archéologiques et de quelques mystifications .
Mélas est aujourd'hui un faubourg de la commune du Teil non loin du couloir rhodanien, dédiée à Saint-Etienne cet ensemble monumental a de quoi surprendre dans cette région car comme en Italie du nord on se trouverait face à une église de plan basilical et d'un baptistère octogonal ce qui est rarissime en France !
Au carrefour de deux voies romaines d'importance on a trouvé à Mélas de nombreux vestiges de l'époque romaine en particulier du IIIe  siècle ce qui fut a l'origine d'une légende créée de toute pièce à la fin du XIX e faisant de Mélas un évêché temporairement crée après l'abandon de l’évêché d'origine à Alba et son remplacement par celui de Viviers.
C'est à un abbé en 1856 dans " l'Almanach de l'Ardèche " que l'on doit cette véritable supercherie peut être dans le but de conforter sa thèse sur les origines mythiques de l'eveché d'Alba-Viviers et chose curieuse alors qu'elle ne reposait sur aucun travail archéologique et fut relayé pendant plus d'un siècle par nombre d'archéologues et d'historiens locaux et conserve encore certains relais actuels. Ce n'est qu’après des fouilles du baptistère que finalement on admit que cet ensemble n'avait jamais été le siège même temporaire d'un évêché.

Mélas à des origine plus modestes ce qui ne nuit en rien au plaisir de sa découverte.
"La Charta Vetus" qui est une sorte d'inventaire des anciennes fondations religieuses de diocèse de Viviers permet d'admettre que Mélas est une fondation féminine  vraisemblablement  du VIe . On lit ce texte émouvant: " Moi Frédégonde, consacrée à Dieu, j'ai fondé un monastère de religieuses à Mélas, en l'honneur de Saint-Etienne et de Saint-Saturnin. J'y ai vécu pendant neuf an et y finirai mes jours."

Au XI e l'église sera donnée à Cruas et c'est de cette époque que datent les parties les plus anciennes l'église elle étant essentiellement du XIIe et n'a pas échappée à des restaurations ou restructurations ultérieures.
On commencera donc par la visite de l'église dont le plan est original puis-qu’à l'origine il existait trois édifices avec des entrées propres deux églises juxtaposée avec des fonctions de prieuré pour l'une réservée aux religieux, une cure pour les paroissiens et l'octogone que nous visiterons plus tard. Ce n'est qu’après l'époque romane que les trois ensembles seront reliés entre eux .

La nef centrale actuelle correspond à l'église du XIIe avec trois travées en berceau en plein cintre une abside en cul de four et escalier en "vis de Saint-Gilles" et une belle coupole octogonale.


on peut y découvrir plusieurs chapiteaux à feuillages et deux chapiteaux historiés tardifs mais assez rares dans la région représentant le pèsement  des âmes et le sacrifice d'Abraham.


La petite nef le l'église priorale plus ancienne qui a été rendue accessible à la nef centrale en évidant les arcs de décharge de sorte que ce ne sont pas des piliers qui les séparent mais les murs flanqués de colonnes engagées. Aujourd'hui cependant on ne semble guère plus faire la différence entre cette église distincte et un simple collatéral .