dimanche 9 août 2015

Saint-Thomé; vénérable possession épiscopale.

Perché sur un magnifique promontoire dominant la vallée de l'Escoutay le charmant village de Saint-Thomé possède deux beaux édifices romans d’intérêt.
S'il n'existe que peu de textes sur les constructions, on sait que le lieu exceptionnel pour son  emplacement fut occupé dés l'époque néolithique puis à l'époque romaine comme en atteste une plaque romaine en réemploi dans la façade de l’église faisant mention d'une tribu ou du nom de Voltinia.

La "Charta Vetus" fait également mention d'une donation de deux églises au diocèse  de Viviers au VIe siècle par une certaine Yteria et une inscription très ancienne existe en réemploi également sur le mur sud de la chapelle.

C'est donc un ensemble particulièrement intéressant avec l'église et la chapelle qui fait écho à des groupes "épiscopaux" similaires en Dauphiné de l'autre coté du Rhône comme à Romans sur Isère et Saint-Donat sur l'Herbasse qui était peut être un lieu de résidence ou de refuge de l’évêque de Viviers.

L'église principale dédiée à Saint-Thomas dont les origines sont encore discuttée est un édifice principalement du XIIe siècle dont la façade a été totalement remaniée au XIXe.
Extérieurement massive ses volumes sont harmonieux et possède l’Intérêt de conserver une coupole prise dans une tour carrée conservée dans son état primitif . Ce petit clocher carré est l'un des rare subsistant dans son état d'origine ce qui peu surprendre lorsque l'on découvre cette église.

La nef de trois travée est renforcée par des arcs-doubleaux qui s'interrompant à la naissance de la voûte et sont peut être un ajout du XIIe à un édifice anterieur.



La croisée du transept est coiffée d'une belle coupole ellipsoïdale sur trompes.
Le chœur peut être du XIe voûté en cul de four est décoré de simples niches d'abside d'un bel effet et qui sont l' élément décoratif principal.


La petite chapelle San-Sebastian ou Saint-Sebastien transformée en école au XIXe et largement remaniée à des origine plus discutée car si elle parait également du XIIe. Certains historiens ont vu dans les fondations de ses murs des traces d'une construction du VIe ou VIIe siècles.
En particulier la petite fenêtre axiale de l'abside dont l'arc est formée d'une seule pierre avec des inscriptions figurant des claveaux serait la marque des églises préromanes ou même wisigothiques plus fréquentes dans les Pyrénées.



mercredi 5 août 2015

"La plus petite église du monde"; Sauveplantade.

Le surnom local donné à cette petite merveille de l'art roman nichée au cœur d'un magnifique village est presque affectueux et se comprend aisément tant cet édifice est charmant .
Cette église dédiée à saint-Pierre est une dépendance de Cruas et malgré son archaïsme  elle est essentiellement une construction du XIIe même si elle possède en réemploi des éléments bien plus anciens comme nous le verrons.
Toutefois ses origines sont vénérables ; le lieu était autrefois une vaste forêt "Silva Plantada" où s’élevait sans doute à l'époque romaine un sanctuaire dédié à Jupiter comme en témoigne l'autel-cippe que l'on trouve à l'entrée de l'église et qui porte le nom du dédicant Lucius Valerianu Martius. A l'époque de la christianisation le culte de Jupiter fut remplacé par celui de Pierre selon un processus bien connu d’appropriation des lieux de cultes anciens .

Un document ancien la "Charta vetus" mentionne qu'au VIIe siècle le lieu fut donné à l’évêque de Viviers par un certain Aginus et sa femme son rattachement à Cruas n'intervenant qu'au XIe .

Sa façade est noyée dans les habitations mais elle présente un plan original avec son transept très saillant ses trois absides qui semblent presque alignées sur le même plan et un charmant clocher sur coupole qui a été surélevé à une époque plus récente .



La nef est d'un charme tout aussi poignant que l’extérieur avec son petit appareillage de pierres régulières minutieusement appareillées avec une élégante coupole sur trompes à la croisée du transept.



L'arc triomphal repose sur des colonnes monolithes ( certainement en réemploi) dont l'astragale fait partie du fût par l’intermédiaire de chapiteau trapézoïdaux d'un grand intérêt .

En effet ces chapiteaux qui sont la seule décoration sculptée de l'église sont manifestement des réemplois propre à l'art wisigothiques par leur décor de rouelles et de cercles il n'est pas étonnant que les archéologues les rattachent à l'art de l'Espagne pré-romane et en particulier aux chapiteaux de San Pedro de la Nave;



On peut aussi signaler la présence d'un autel d’époque romane dans l'absidiole nord.

la qualité de ce modeste édifice constitue là encore une des multiples causes de mon admiration constante pour un art qui parfois rustique semble toujours tendre à une paix profonde accentuée par la beauté naturelle de son environnement.

lundi 3 août 2015

Des églises en voie de résurrection; de Meysse à Cruzières en passant par le plateau des Gras.

L'Ardèche n'est pas un département qui a été toujours le plus attentif à la défense de son patrimoine roman; aux destructions inévitables du temps et des conflits ou aux grands saccages des guerres de religion et de la révolution il faut ajouter aussi les pertes les plus récentes en particulier au XIXe conséquences souvent d'ignorance de servants ou d'autorités locales plus soucieuses d'agrandir des églises ou de construire leur temples communaux que de se pencher sur la richesse de leur patrimoine. Les temps changent alors que nous abordons une période d’extrême sacralisation de nos monuments qui en deviendrait presque préoccupante sauf s'il s'agit de les préserver bien sur mais surtout de les rendre accessible à tous à la fois pour les admirer mais aussi les comprendre.

L’église Saint-Jean baptiste de Meysse en est un bon exemple et est depuis plusieurs année la cause d'une réelle frustration pour moi, qui en cinq tentatives n'ai jamais pu la visiter! Mais il semble qu'enfin une restauration d'ampleur ait été réalisé ... Je n'en dirais cette fois que peu de chose si ce n'est qu'il s'agit d'un monument vénérable gardant encore de nombreuses traces de son passé carolingien et qui possédait sans doute un ancien baptistère ainsi qu'une tribune comme à Cruas toute proche. Au milieu des échafaudage peut on au moins admirer la masse imposante de l'abside des V et VII e siècles et une curiosité au dessus du collatéral sud, la petite abside d'une chapelle romane à la base du clocher.



Le petit village de Gras occupe le plateau des Gras aussi orthographié Grads, terre sèche et désolée dont les habitants étaient aussi appelés les "assibrats" les "assoiffés". Pourtant cet espace hostile a toujours  été sillonné de routes dés l'époque romaine au point que  plusieurs églises y étaient implantées à l'époque médiévale dont Notre-dame du Ranc dont il ne reste rien si ce n'est un curieux portail réutilisé dans l'actuelle église du village. Un peu à l’écart la chapelle Saint-Vincent conserve un aspect roman qui a été totalement défiguré au XIXe par l’apposition d'une hideuse sacristie...



Finalement la plus charmante construction visible est la chapelle Saint-Blaise récemment restaurée et qui garde une allure authentique avec sa belle fenêtre absidale qui éclaire l'autel selon la tradition des premiers chrétiens, son moyen appareil soigné et sa couverture de lauzes et un charmant petit clocher-arcade à deux baies.

Enfin plus au sud et à la limite du département du Gard Saint-André de Cruzières n'a pas échappé à l'incurie des autorités religieuses et civiles du XIX e puisqu'elle a été presque en totalité détruite sous prétexte de restauration . Curieusement et heureusement seule sa belle façade à été préservée . Dépendante de l’évêché d'Uzes c’était une fondation  de Saint-Gilles dont la qualité des restes mutilés témoignent encore.
Comme beaucoup d'églises médiévales elle fut édifiée sur une butte et possède sous son pavement un puits célébré bien avant les romains comme lieu d'un culte sacré.
Le portail à voussures est surmonté d'une seule fenêtre et une frise d'arcatures lombardes occupe le sommet du pignon triangulaire.



Ce qui reste de ce portail est d'une grande qualité, le tympan nu est coiffé de trois grands arcs chargé d'un riche décorde dent d'engrenage de perles de feuillage délicat ou l'on distingue aussi de curieux personnages.


Les chapiteaux très dégradés ainsi que leur base laisse deviner ce que devait être la qualité de ce décor en particulier le chapiteau de droite figurant deux aigles finement ciselés . 

dimanche 2 août 2015

Les charmes de Saint-Pierre de Larnas ; l'orientale .

Peu d'église n'offre autant de charme que la petite église de Larnas dont on peu admirer longtemps la sobriété et l'harmonie de son chevet cruciforme au transept bien marqué et ses trois absides et son clocher octogonal qui fait incontestablement penser à une église byzantine comme on en trouve dans les Météores.
La beauté verdoyante du lieu planté d'amandiers et de cyprès l'équilibre et l'harmonie des proportions , la sobriété des lignes et la qualité de l'appareillage font incontestablement de cette modeste église l'une des plus charmantes de l'Ardèche .


On ne sais peu de chose cependant de ses origines qui pourraient remonter au Xe où elle est citée comme une possession de la cathédrale de Viviers. Cependant c'est une construction du XIIe que certains ont rattaché à des bâtisseurs de Cruas ou peut être la générosité du seigneur local dont elle dépendait, le Sire de Balazuc. Elle faillit cependant disparaître au XIX e qui a été funeste pour bien des églises de la région l'obscurantisme de son curé de l'époque la trouvant trop éloigné de son presbytère...




La façade est surmontée d'un petit clocher-arcade qui est une construction récente mais pour certain elle pourrait être la marque d'une troisième travée détruite ou non réalisée, alors que pour d'autres elle s'apparente à d'autres églises du Rouergue comme en particulier Notre-Dame de Vallée-française en Lozère. La nef est très simple et permet d'admirer le second trésor de cette église sa couple.



Cette coupole sur trompe a été réalisé selon le modèle de Bourg-Saint-Andéol et elle est particulièrement raffinée qui n'est pas prise extérieurement dans un clocher carré mais qui conserve sa forme octogonale. L'espace compris entre chaque trompe est décoré de petites arcatures que soutiennent des colonnettes  avec des chapiteaux ouvragés et  au sommet des trompes en coquille un cordon mouluré qui marque encore plus la présence d'un octogone parfait.