samedi 21 mars 2015

Les quelques restes d'un riche atelier de sculpture à Saint-Barnard de Romans .

Je présente ici ce qui ne peut apparaître que comme les modeste reliefs d'un monument en grande partie dévasté par le temps et les outrages des guerres mais aussi on l'oublie souvent imbécillité des certaines édiles et autorités religieuses ce que l'on constatera pour bien des monuments romans en France.
Les récentes destructions des "néo-barbares" au musée de Mossoul sont une fois de plus la démonstration qu'en matière de patrimoine et de "culture" rien n'est jamais acquis et que le combat de la préservation et de la transmission est constant.
Au delà des guerres et des révolutions l'église subira des dommages irréversibles tout au long du XIXe et donc en période de paix en particulier avec la destruction de son cloître qui sera définitive en 1863 a la demande de la Mairie de l'époque ! Il avait réussi à traverser les affres du temps pas celles de l'incurie municipale ...

Il ne reste que peu de chose également de l'ancienne chapelle à laquelle on accédait par le portail nord, dit portail Saint-Jean avec un beau décor de dents d'engrenage supporté par des chapiteau corinthien inspirés de l'antique .Celle chapelle dont une partie serait visible dans des habitation privées était d’après les descriptions qui nous reste beaucoup de similitudes avec celle de Saint-Donat sur l'Herbasse .



Un beau portail sud au sud donne accès à la chapelle du Saint-Sacrement transformée en trésor (on y découvre aussi de belle tapisseries et des fresques plus tardives) . Ce portail au beau décor floral rappelle lui aussi l'inspiration provençale .



Enfin dans cette chapelle on ne manquera pas d'admirer une magnifique colonne supportant un chapiteau énigmatique avec quatre visages enfouis dons du feuillage dont seul le haut des visages émergent semblant capter le regard de leur profondes orbites creusées.

Le fut de la colonne est remarquable par son décor de spirales inversées qui se déroulent comme un ruban régulier. Motif inspiré de l'antique comme le décor "à la grecque" mais qui invite naturellement a penser aux motifs celtiques ou gaulois toujours si présents dans la sculpture romane. L'origine de cette colonne n'est pas définie mais s'il s'agit d'un unique reste du cloître naufragé on peu en imaginer la beauté perdue...

jeudi 5 mars 2015

La nef de Saint-Barnard de Romans et ses chapiteaux au carrefour d'influences diverses.


La nef romane a été réutilisée dans l'église gothique actuelle reconstruite après l'incendie de 1134. Fait peu courant pour une église de cette dimension elle est faite d'un vaisseau unique sans collatéraux constituées de onze arcs qui portent de fines colonnes engagées.


La partie la plus intéressante de cette nef est incontestablement l’arcature et ses 22 chapiteaux romans dont 6 ont été oblitérés lors de la construction des piliers gothiques .
Ces chapiteaux sont surprenant en ce qu'ils ont été réalisés par plusieurs ateliers sans doute venus de plusieurs régions distinctes ce qui est rare  et témoigne à la fois de l'importance de celle-ci et de la place importante de l’évêché de Vienne à l'époque romane.

Le groupe le plus important est constitués de chapiteaux à décor végétal ou antiquisant et corinthien.
La qualité de la sculpture est élevée et fait bien entendu écho au décor provençal du portail qui nous l'avons vu est très présent dans la vallée du Rhône.



On pourra rattacher à cette série un chapiteau sur lequel des lions un peu frustes s'opposent dans un décor d'acanthes .

Une autre série de chapiteaux; fait clairement penser à la facture des chapiteaux de l'école viennoise; et j'aurai l'occasion d’évoquer la vivacité de la sculpture romane à Vienne où l'on garde la mémoire d'un des grand sculpteur du Moyen-Âge dont le nom ait été transmis jusqu'à nous; Guillaume Martin.

Sur l'un des chapiteau on y voit deux masques boudeurs en forte saillie sur une corbeille ornée de stries et d'oves.

Lui fait face au sud un autre chapiteau historié avec deux personnages trapus et lourdement vêtus tenant un livre sur leur genoux que l'on identifie à Jean et à la Vierge.


Très différents encore par leur style et  la force de leur traitement les deux chapiteaux du mur nord sont manifestement oeuvre d'un sculpteur bourguignon ou familiarisé avec l'art de cette grande province à ses plus grands moments .

Sur le premier on y reconnaît l'Annonciation avec un ange qui transmet avec force son message à une Vierge à la fois surprise et résignée.

Le second représente une femme poitrine découverte qui avance en tenant une balance en direction d'un personnage difforme qui semble faire une grimace et qui est délicat a interpréter mais qui pourrait faire référence au thème de la tentation et de l'ultime jugement.

La très grande qualité plastique des ces derniers chapiteaux fait fortement penser à la sculpture d'Autun et témoigne la encore de l'influence bourguignonne dans cette région.

dimanche 1 mars 2015

Saint-Barnard de Romans; la rivale.

Nous avons vu dans les précédents billets que la fondation de Saint-Donat sur l'Herbasse a été constituée comme une enclave de l’évêché de Grenoble dans ce territoire dépendant de Vienne.
Barnard, évêque de Vienne décida en 838 d'acheter à son propriétaire un certain Rotman qui a donné son nom a la ville, exceptionnellement placée sur une des boucles de l' Isère dans une riche région agricole à un point de passage traditionnel entre la vallée du Rhône et les Alpes.
Le premier monastère carolingien était dédié au Saints Pierre et Paul ais aussi aux martyrs de Vienne les Saints Séverin Exupère et Félicien et les textes du haut Moyen-Âge évoquent un monument exceptionnel par sa beauté.
Plusieurs fois détruite et relevée elle deviendra le siège d'une abbaye prospère au XIe siècle alors dédié au culte de son saint fondateur dont les reliques étaient de plus en plus vénérées.
Une ville prospère se développa bien vite autour de l'abbaye jusqu’à sa destruction profonde en 1134 par les troupe du Conte d'Albon en guerre contre son suzerain l’évêque de Vienne.

La reconstruction de l'église au XIIIe siècle et lui donne son aspect actuel qui n'a pas fait disparaître de beaux restes de l'époque romane d'un grand intérêt .

Au carrefour de plusieurs diocèse et de plusieurs influences Saint-Barnard semble en réunir plusieurs caractéristiques.

Le portail occidental de la façade bien que sérieusement dégradé est manifestement à rattacher aux influences provençales et n'est pas sans rappeler les beaux portails de Saint-Gilles du Gard et de Saint-Trophime d'Arles.



de part et d'autre du portail sur des piédroits sont reproduits deux apôtres juchés sur des lions et encadrés de colonnettes au riche décor antiquisant . On peut y retrouver les marques identifiant les apôtres Jean et Pierre et Paul et Jacques .


Les chapiteaux du portail varient également sur le thème antique on y reconnaît la scène des pèlerins d'Emmaüs ou encore des personnages aux prises avec des dragons ailés ou une femme dénudée tenant des serpents représentation fréquente de la luxure.



Toutefois la composition générale du portail et la disposition de celui-ci laisse penser qu'il a vraisemblablement été totalement reconstitué après les destructions dont il a été l'objet . Cependant la qualité de ces sculptures et leur grande finesse est incontestable.