dimanche 23 décembre 2012

Nasbinals; la gardienne de l'Aubrac

Pour terminer cette route romane le long de la vallée du Lot je remonte sur Nasbinals dont l'église est comme une sentinelle et un refuge sur cette route de pèlerinage si fréquentée encore de nos jour au confins des paysage des désert herbeux et de plaine verdoyante mais aussi au confins de trois diocèses, ceux de Rodez, de Mende et du Puy, comme le marque la célèbre croix des trois Évêques.
Une petite halte d'abord pour une modeste chapelle de chemin à quelques kilomètres de mon étape qui bien que certainement pas romane en a toutes les caractéristiques stylistiques et est l'un des exemple qui illustre l'attachement a cet art dans certaines régions bien au delà des 11 et 12 ème siècle.



La première mention de l'église Notre Dame de Nasbinals date de 1074, date de sa donation à Saint-Victor de Marseille comme la Canourgue avec laquelle j'ai commencé ce voyage. C'est une belle église à trois absides que domine un clocher octogonal bâtie en granit avec alternance de basalte de l'Aubrac et emploi de pierre rouge volcanique a l'effet volontairement décoratif.




Un portail sud élégant permet de pénétrer dans un édifice plus lumineux que l'on pouvait l'imaginer dont subsiste essentiellement le voûtement du chœur inscrit dans un chevet octogonal.Un belle coupole sur trompe supporte le clocher .
 Le décor est extrêmement sobre, sans doute en raison de l'emploi du granit toujours difficile à sculpté. On retrouve à l'intérieur quelques chapiteaux à décor végétal ou de feuille d'acanthe, ou encore des masques aux quatre angles de la coupole.


A l'extérieur les modillons sont trop abîmes pour en distinguer clairement la facture.

Au portail on retrouve quelques chapiteaux à décor d'entrelacs ou de crosses, un seul chapiteau se distingue cependant ; il figure un archer qui semble combattre un personnage debout armé d'une lance et d'un bouclier entourés d'entrelacs qui occupent tout l'espace laissés libre entre eux.

Ce thème assez fréquent dans la région peut être apparenté au combat des vices et des vertus, on le retrouve bien sur au chevet de l'église de la Canourgue qui a ouvert cet itinéraire roman, ainsi la boucle est bouclée...

vendredi 21 décembre 2012

La chapelle Saint-Michel de Bessuejouls; ou la floraison des entrelacs

Édifice seul conservé de l’église primitive la chapelle Saint-Michel située dans la partie haute du clocher est un véritable joyau du premier art roman.
La construction pourrait être de la fin du 11° siècle même si une petite dédicace gravée autour du tympan ne renseigne peu le visiteur puisqu'il est unique ment fait référence au mois de Juin de sa construction.

Lorsque l'on pénètre dans cette chapelle l'on ne peut être que saisi par l'harmonieuse proportion des volumes et surtout l'abondance et la richesse d'un décor sculpté tout a fait exceptionnel , inspiré de la tradition carolingienne mais aussi très certainement celtique comme en atteste l'emploi abondant du décor géométrique et en particulier des entrelacs traités ici avec un parfaite maîtrise  Les voûtes de cette chapelle et ses agréables proportions ne faisant que renforcer cette impression d'ensemble.


Ce décor est plus particulièrement sensible sur l'un des chapiteaux mais aussi aux deux linteaux qui couronnes les portes symétriques des escaliers permettant l’accès à cette chapelle haute.

D'autres chapiteaux sont d'un grand intérêt comme celui figurant des anges porteurs de phylactère et semblant soulever de leur autre main un petit personnage ailé; symbole sans doute de l’âme portée au ciel par les anges.

Un autre magnifique chapiteau représente des personnages cueillant des grappes accrochés dans un écheveau de ramures , symbole des amours vendangeurs au paradis, d'inspiration parfaitement paléochrétienne ; ce thème étant souvent figuré par exemple aux premiers sarcophages chrétiens.





Enfin un chapiteau magnifique représente une sirène à double queue divergente tenant a bout de bras sa chevelure encadrée de deux centaures .



Enfin il ne faut pas manquer d'admirer le splendide autel de grès rose qui n'a été redécouvert qu'au début du 200° siècle ; il reproduit lui aussi les motifs d'entrelacs et de décor végétal si nombreux dans cette église en particulier celui de la croix de Saint-André, incluse dans des cercles superposés motif géométrique et symbolique si chère à la tradition celtique ici bien présente .Les cotés de l'autel figurent l'Archange Saint-Michel et l'autre vraisemblablement l'archange Gabriel .



La fine dentelle de pierre ; la richesse du décor et de la représentation contribuent a faire de cet objet , déjà exceptionnel l'un des plus beau de la région.

jeudi 13 décembre 2012

Bessuéjouls; "la clairière aux buis"

Je n'ai pas pu résister dans la continuité de la découverte des églises romanes de cette haute vallée du Lot a terminer le voyage par les anciennes images de l'église de Bessuéjouls que j'avais visité il à prés de 20 ans déjà  Si la qualité de mes images ici ne valent pas celle de mes dernières photos numériques, en raison de la tentative de numérisation de mes diapositives , je n'ai pu résister à redécouvrir ce lieu pour moi poignant tant il rejoint ma sensibilité pour cet art .

Bessuejouls est en effet un lieu occupé des l'époque gauloise comme l'atteste l'utilisation du suffixe "oialos" , latinisé en Buxolaium devenu à l’époque médiévale Buissujol soit la "clairière aux buis"

Tout dans ce lieu concoure à rappeler la présence des anciens celtes, le nom du lieu , l’utilisation de ce même lieu de culte païen par les latins puis son appropriation par l'église chrétienne ; une fois de plus se confirme que la religion chrétienne n'a eu de cesse de tenter de s’approprier les vestiges des anciens cultes qui ne disparaissent jamais sous son influence hégémonique.
Enfin l'art du sculpteur rappelle aussi la permanence de cette influence comme nous le verrons plus loin.

Il ne reste de cette ancienne fondation peut être carolingienne qu'un clocher adossé à des bâtiments bien plus récent mais ce clocher porche possède l'une des plus étonnante et plus belle chapelle romane que l'on puisse visiter.
l’extérieur de cet ouvrage sans être le plus remarquable présente un élégant décor d'arcatures avec une arcature centrale trilobée, héritée de l'art musulman qui est tout a fait unique dans cette province du Rouergue même si on la retrouve plus fréquemment en Auvergne et dans le Velay.





La décoration extérieure se poursuis par de charmants modillons sculptés qui bien que peu nombreux sont de grande qualité.

dimanche 25 novembre 2012

Les Chapiteaux de l'église de Perse

On terminera la visite par la découverte des chapiteaux.
En dépit de la présence de plusieurs chapiteaux historiés l'on ne peut que constater que la sculpture est bien plus modeste que l'architecture , l'on pourra y reconnaitre un Christ en majesté bénissant dans une mandorle, une scène de chasse ou des guerriers se livrant à un duel ou encore les colombes eucharistiques se désaltérant dans un calice .



 Un autre plus énigmatique représente un homme les bras levés entre deux aigles ou griffons.Le chœur lui aussi possède toute une série de chapiteaux de marbre blanc qui contrastent vigoureusement avec le reste de l'édifice , la plupart sont à décor de feuilles, parfois mêlées de crosses à l'exception d'un seul qui figure des aigles .

Si la plupart de ces chapiteaux sont de facture modeste voir médiocre et sans doute plus proche de celle du tympan du portail , les larges chapiteaux du transept sont de meilleure facture , leur large corbeille a décore d'acanthe stylisée laisse parfois apparaitre des pommes de pin ou des entrelacs ou encore des spires au milieu desquels émerge parfois un énigmatique visage barbu ou au long cheveux, faut il y voir la trace des influences plus païennes si fréquentes dans l'art roman et le l'on retrouvera avec une incontestable maitrise à Bésuejouls .

samedi 24 novembre 2012

L'intérieur de l'église.

Plus déroutante encore est la découverte de l'édifice , bien qu'harmonieuse l'on est frappé par la densité des volumes et des colonnes qu'accentue la nef presque nue de tout décor située en contrebas du chœur.

Le transept semble être la partie la plus surprenante comme s'il formait une chapelle dans l'église elle même.
Une forte colonne centrale supporte une double arcade qui est a nouveau divisée en quatre travées sur des voûtes d'arrêtes , une chapelle semi-circulaire y prend naissance et communique avec le chœur par un passage.





Un grand arc triomphal marque l'entrée du chœur avec une abside à cinq pans interrompu par un cordon qui laisse place à  une arcature reposant sur des colonnettes.



De petites fenêtres nimbent une belle lumière chaude que renforce la couleur rouge de la pierre , en dépit d'un certain effet massif  cette belle église  offre aussi une impression  de paix et de mystère  .